Tibétains, peuple du Monde.

SDC11534Lorsque j’ai visité l’exposition Tibétain, peuple du Monde nourrie de travaux de  Christian Rausch photojournaliste et de Marie-Florence Benne, j’ai été agréablement surprise : je ne m’attendais pas à voir de si belles photographies. En effet, les paysages sont aussi beaux que ses habitants et sa diversité aussi riche que la culture tibétaine. Cette succession d’images témoigne de l’ambiance du pays et défend l’idée selon laquelle  tout peuple a le droit de vivre sa culture librement. Le rapport à la montagne et à la spiritualité que détient le peuple tibétain se révèle dans de nombreuses photographies et nous rappelle celles que nous côtoyons dans notre région iséroise. Ce n’est donc pas un hasard si cette exposition a lieu à Grenoble, nous pouvons alors établir un réel lien entre le plateau himalayen et les régions alpines qui nous entourent. On retrouve un engouement, pour la blancheur et la hauteur des sommets enneigés.


          Christian Rausch a su parfaitement retranscrire la culture des Tibétains, à la place qu’ils occupent dans le Monde. En bref : à l’histoire de ce peuple. Finalement, j’en viens même à me dire après la visite que  je connaissais peu de choses sur cette société, que je détenais seulement une image réductrice de ce peuple tibétain, représenté le plus souvent par des images illustrant les pratiques du bouddhisme. Or, le photographe a su également communiquer ce qu’il a pu découvrir au Tibet, à savoir une nouvelle représentation de ce qu’est devenu le pays. En effet, certaines photographies révèlent une cohabitation entre le peuple tibétain et la communauté chinoise. De par cette présence chinoise, le Tibet est aujourd’hui confronté à une modernisation profonde et on se pose la question si l’identité tibétaine survivra aux changements qu’elle connait. La voie ferroviaire de 1142 km qui relie Lhassa au reste de la Chine reste l’emblème de cette modernité, traduisant ainsi l’emprise politique de la Chine.


           Aussi, une photographie qui représente des jeunes filles à l’apparence moderne m’a interpellé : on y retrouve une autre facette de la population tibétaine. Nous sommes donc face à un réel contraste entre d’un côté une culture raffinée avec la présence d’objets cultes bouddhiques; et de l’autre la société tibétaine de nos jours, ancrée dans la modernité et soumise à la mondialisation.

 

Cette population a survécu dans un climat extrême  au milieu d’un  territoire de vaste altitude. Pourtant, malgré des conditions de vie difficiles, on y retrouve des portraits baignés d’humanité, des scènes pastorales qui traduisent leur façon de vivre au quotidien et ce, au milieu de paysages grandioses, comme nous pouvons le constater sur la photo ci-dessous qui selon moi, symbolise le travail de Christian Rausch. Pour cette photo ou d’autres avec une vue panoramique, je me suis même demandé si c’étaient vraiment des

photographies. On aurait plutôt dit des tableaux dignes des œuvres d’art, tellement les paysages paraissaient féériques, voire irréelles. Pourtant, ces photographies ne sont pas de simples images, elles vont bien au-delà. Ce sont des photographies humanistes, racontant le fonctionnement de la société. Christian Rausch munie de son objectif a su être au plus près des personnes qui donnent leur accord pour être photographié, pour saisir au mieux leurs sentiments les plus profonds ainsi que pour dévoiler leur vécu.

 

 Cette exposition à mon avis, n’est pas seulement un parcours en images, c’est aussi un témoignage poignant qui nous amène  à la découverte d'une culture à la fois enracinée dans le bouddhisme et dans une nature sacrée, mais aussi profondément bouleversée par une modernité et une sinisation forcées. C’est ainsi qu’on retrouve un  peuple tibétain marginalisé par l’arrivée de chinois et qui est  traumatisé par la destruction de temples et de monastère, partie intégrante de leur identité et de leur culture. C’est pourquoi, dans les rues de Lhassa, les sourires se font rares. L’exposition évoque aussi ceux qui ont choisit l’exil et qui tente de transmettre à leurs enfants leur culture qui va se préserver ou non.

C’est sans aucun doute que la culture tibétaine ma toujours attisé une certaine curiosité : c’est en effet la dernière terre sacrée de l’humanité et la pensée tibétaine réside dans l’unité. Les hommes, les animaux, la nature, le pouvoir politique, le pouvoir religieux : tout ne font qu’un.

 

 

L’émerveillement que nous ressentons lorsqu’on observe attentivement ces photographies est le premier pas vers le respect. Et je pense que c’est grâce à une exposition comme celle-ci, qui permet de se comparer et d’apprécier ses différences comme ses ressemblances, que nous pouvons se connaître soi-même et se situer dans le Monde. Ce jour-là, j’ai pris conscience de  la réalité d’une forte identité culturelle et religieuse tibétaine, plus importante que ce dont je soupçonnais auparavant.

 

 

 

 

 

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